vendredi 8 mai 2009

Mes écrits

Réponse au jeune en pleurs


Cher inconnu,

Je viens parfois m’asseoir à la terrasse de ce café. J’aime y goûter sa vie.

Je vous vois souvent, triste, c’est rare de voir un homme pleurer.Il se dégage de vous une profonde mélancolie. Ai-je parfois pensé à venir vous parler ? oui, malgré cette barrière invisible que vous mettiez autour de vous.Vous m’autorisez aujourd’hui à vous écrire.Que vous dire ? Vous parler de la vie, pas de la mienne, mais de la vie, avec ce qu’elle transporte de doux et de désagréable.

Je vais tenter de peser mes mots afin de ne pas vous heurter.

Aimez vous voyager, avez-vous voyagé ?Connaissez-vous le goût des embruns quand l’océan gronde et que les vagues se heurtent aux rochers ?

Avez-vous frissonné près d’une femme aimée ?

Vous rappelez vous votre enfance ? rieuse, tendre dans les bras d’un parent affectueux.

Un rayon de soleil qui affleure votre peau ?A moins que votre courte vie ne soit déjà chargée de chagrin, parsemée d’embûches.

Vos pleurs sont-ils de joie, de peine ?

Ne devenez pas étranger à votre vie, vous passeriez à côté d’elle qu’elle quelle soit, regardez la, saisissez la, nous sommes maître de notre vie. Si nous subissons c’est que nous acceptons.Alors posez-vous sur la case bonheur. Contemplez le beau, il est à portée de main.Il y a forcément en vous une porte que vous pouvez ouvrir, ouvrir sur une nouvelle espérance de vie, allez puiser en vous une énergie enfouie, vous n’êtes pas seul. Et dites vous qu’il y a forcément quelqu’un fait pour vous quelque part. Pleurez si cela vous fait du bien, mais souriez, riez, cela vous ira beaucoup mieux.Je le sais, je l’ai entrevu.



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La mort d’une gomme

Ci-gît ma gomme, je viens de la jeter.Elle faisait partie de mon quotidien, je l’utilisais peu. J’ai toujours écrit un avec un crayon de papier mais je gommais très rarement.

Elle était là c’est tout.Quand je me déplaçais, je me prenais toujours ma trousse qui contenait quelques crayons, un stylo plume, indispensable pour la missive importante et ma gomme.

Je la mâchouillais parfois dans mes moments de réflexion ou d’hésitation.Je lui trouvais bon goût, du moins au début. Elle était blanche et parfumée à la vanille. Odeur très douce agréable au nez.

Il parait que le souvenir olfactif prédomine sur tous les autres.On se rappelle toujours une odeur d’un passé plus ou moins proche, très souvent associé à un délicieux souvenir.En fait l’odeur de ma gomme ne me rappelait absolument rien, si ce n’est l’odeur du thé que je bois parfois.Ceci dit quand je la mâchouillais, des petits morceaux se détachaient que je recrachais en pestant.

Et je la reposais sur le bureau jusqu’à une prochaine fois.

Elle faisait partie du décor, petit objet insignifiant, mais malgré tout potentiellement indispensable, car elle servait de temps en temps …

Un jeune garçon venait chez moi en soutien scolaire et il aimait écrire avec un crayon de papier, il faisait pas mal de fautes donc gommait souvent.Je lui prêtais ma gomme.A partir de ce jour je n’ai plus eu envie de la mâchouiller.Elle ne m’appartenait plus.Curieusement j’en ai racheté une neuve pour ce garçon et j’ai laissé la mienne sur mon bureau…jusqu’au jour où je me suis dit « quelle drôle d’idée de conserver cette gomme, elle est toute rabougrie, un peu sale aussi ».Je l’ai regardée en me demandant ce que je pourrais bien en faire. Je l’ai d’abord enfouie au fond d’un tiroir.J’aurais tout aussi bien pu la jeter, ce que j’ai fini par faire bien plus tard.Elle a donc fini sa vie dans une poubelle.

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Je dois à mes amis presque tout ce que je suis.Ils ont cru en moi qui ne croyais pas en moi-même.

L’estime de soi, ou plutôt l’absence d’estime de soi. Cela ne se guérit pas par un seul claquement de doigt.

Mes amis largement contribué à me la rendre.

Quand j’étais petite je rêvais toujours d’être quelqu’un d’autre, je m’identifiais à des personnages imaginaires à qui tout réussissait.

Parallèlement à ca, je prenais en charge la vie de la maison, j’avais 11 ans et nous étions restés mes frères et moi avec mon père à la suite de la séparation de mes parents.Je m’étais investi d’une mission. Je m’occupais de tout et cela me rendait heureuse. Je sais avec le recul que bien entendu j’attendais une reconnaissance. Elle n’est pas venue de ma famille, mais de mes amis et des proches qui m’ont raconté leur vision de ma vie beaucoup plus tard.

En grandissant j’ai conservé ce besoin de m’isoler, de rêver une vie. C’est un beau paradoxe chez moi car j’ai réellement une vie imaginaire très dense, mais également une vie de quotidien très intense.Je me suis rarement ménagée. D’où un sentiment de frustration quasi permanent.
Je trouve mes modèles de rêverie bien entendu dans des films ou des livres. Oh rien de romanesque dans tout cela, mais j’ai besoin de cette indentification. Un petit exemple : Diane Keaton dans le personnage d’Annie Hall, je voulais être à la fois l’une et l’autre. Le personnage de Nana dans le roman d’Emile Zola m’avait adolescente fortement impressionnée, surtout pour l’environnement dans lequel elle évoluait.Je me suis baignée dans tous les livres d’Agatha Christie, je trouvais les personnages très ancrés dans la réalité.Je crois très sincèrement que mon besoin « d’être une autre » a atteint son apogée quand j’ai découvert Karen Blixen, le film bien entendu, mais totalement romancé par rapport à ses livres. Je les ai tous lu. Sylvia Plath aussi, mais bon je ne suis pas là pour parler de mes goûts littéraires, même s’ils ont beaucoup influé sur ma vie.Je suis une contemplative et j’aime ça.
J’ai des amis qui m’apprécient, qui apprécient mon courage, ma clairvoyance, ma sensibilité, ma culture, mon authenticité, ma sociabilité, mon humour, et j’en passe.Mais je ne suis pas satisfaite pour autant.

Dois-je chercher du côté de ma mère ? j’ai toujours eu le sentiment qu’elle me jugeait, sans arrêt dans la critique.
Du côté de mon père ? lui qui disait de moi très souvent « quoi que tu fasses tu fais bien ».J’étais la seule fille parmi sept garçons. Mes parents se sont séparés j’avais 11 ans.Les amis sont devenus le refuge. C’est toujours auprès d’eux que j’ai pu me ressourcer, jamais dans le jugement toujours dans la construction.Toujours en demande d’amour constant, qu’à cela ne tienne ils m’en donnaient.J’ai demandé beaucoup et j’ai reçu beaucoup.Je crois quand même avoir donné sinon je ne pense pas que la amis de la première heure, les premiers remontent à l’adolescence, seraient toujours là.Pour certaines l’amitié dure depuis 40 ans, une amitié indéfectible.La chance aussi, passé 40 ans j’ai trouvé mon pygmalion, l’homme brillant, cultivé, celui qui traduit vos émotions et vous aide à les canaliser, celui qui admire votre culture de vie et qui comprend et accepte ce que vous êtes.

Alors oui je dois à mes amis, qui ont su il y a quelques années, dans une période très noire pour moi, me porter, me supporter et m’ont permis de trouver une confiance en moi largement ébranlée.Le temps a fait son œuvre.

C’est à eux que je dois d’avoir pu aboutir dans des projets autour desquels je tournais depuis longtemps sans jamais oser sauter le pas et vivre une vie que je n’aurais jamais osé rêver.

Je suis aujourd’hui fière de moi et fière de les savoir dans ma vie.Une amitié se mérite et je peux la conjuguer au pluriel, au féminin, au masculin.Je leur dois mon accomplissement.

Alors merci .

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Trouble et déception

C’est alors que mes yeux perçurent et que mon subconscient enregistra quelque chose d’insolite.
Je somnolais doucement dans mon fauteuil dans la pénombre. Le livre que je lisais venait de me tomber des mains.
Je ne sortais plus du château depuis un certain temps, car suite à une chute de cheval, je m’étais brisée l’astragale.
Je restais souvent seule plongée dans mes pensées, qui inévitablement m’emportaient vers lui, François de Rohan que mon père avait convié à souper.
C’était un cousin éloigné dont je n’avais jamais fait la connaissance, car il demeurait fort loin de chez nous, mais il était venu passer quelques jours à Château Bercy avec quelques amis et père les avait invité.Je le soupçonnais d’avoir organisé ce souper pour animer mes fins de journées quelque peu moroses et solitaires et je lui en était très reconnaissante, d’autant qu’à cette époque de l’année, nous approchions de noël, le temps restait incertain.
Nous avions échangé un ensemble de banalités lors de ce dîner, nos regards s’étaient souvent croisés et le trouble s’était lentement immiscé en moi.J’étais donc seule dans la bibliothèque en cette fin d’après-midi, du moins je le croyais, et qu’elle ne fut pas ma stupeur de voir plantée devant moi Emilie, ma bonne, qui ne disait mot.
Elle tenait à la main un petit paquet que l’on avait déposé à mon intention.
Je le pris délicatement. Enveloppé avec de très fins rubans. Je n’osais l’ouvrir, j’hésitais.Allais-je lire d’abord le mot qui l’accompagnait ?
Plongée dans la douceur du moment, je congédiais Emilie.Mon cœur s’était accéléré.Il pensait à moi, je l’espérais fiévreusement. Je goûtais à ce plaisir, tout en ouvrant la boîte.
Quelle ne fut pas ma surprise de découvrir un bracelet sur lequel étaient montées de très jolies et très fines pierres, mes préférées, de magnifiques lapis lazulis.Je tremblais, il ne m’avait pas oublié.
Je mis le bracelet à mon poignet, les pierres scintillaient dans la pénombre.Je les contemplais tout en saisissant le mot que j’avais laissé de côté.
Très laconique, « je vous souhaite un très prompt rétablissement » François de Rohan.
Je fus envahie par une profonde mélancolie. Ce n’était qu’une formule de politesse sans plus.Mon romantisme avait une fois de plus prit le pas sur une simple attention.
Mon père à ce moment là entra dans la pièce.Il vit dans mon regard un profond désarroi.
Je ne pus lui cacher ma profonde tristesse.
Père qui n’avait de souci que mon bonheur et désireux de me sortir de cette dépression qui m’envahissait me promit une grande fête pour Noël qui approchait et ferait venir les joueurs de luth et nous danserions la pavane, même s’il devait me porter.Je me mis à rire et l’embrassait affectueusement.

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VISITE DE L’OMBRE AU CREPUSCULE


Un soir, alors qu’il était dans sa chambre à méditer, il entend frapper à sa porte.

Alors vous êtes revenu ? Je vous croyais disparu à jamais.Le temps a passé, ma jeunesse s’est enfuie. Et vous qu’avez-vous fait pendant tout ce temps ?Je vous ai quelquefois cherché. Vous n’étiez jamais là quand le besoin pour moi se faisait sentir d’être rassuré.

Je déteste la solitude. Vous êtes mon repère, ma nécessité, la présence indispensable à mon avancement dans la vie.J’ai parcouru le monde, fait mille connaissances avec lesquelles je me suis enrichi, meurtri aussi, mais toujours je vous cherchais.Lassé je suis rentré au port de ma vie.J’avais vieilli. Le temps était aux questions sur l’existence, le bilan de sa vie quand la fin approche.Pourquoi partir si loin quand l’essentiel est à portée de main.
Mais vous l’ombre de ma vie, vous avez disparu !

Il faisait si beau ce jour là, nous marchions côte à côte, j’aurais pu vous toucher, mais à chaque fois que je tendais le bras vous vous écartiez de moi.
Vous n’étiez pas loin me dîtes-vous et pourtant à la nuit tombée vous vous êtes enfui.

Revenez près de moi, je souhaite partir serein, votre silence m’apaise.

Je sens la brume m’envahir, j’aime cette torpeur qui m’enveloppe, cette jolie lumière qui apparaît au loin, restez près de moi, cette fois-ci c’est moi qui part ...



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