Encore combien de temps Aurais-je ton sourire Penché sur mon sommeil A l'heure du bonheur ? Encore combien de temps Sans même rien se dire Saurons-nous retrouver Le chemin de nos cœurs ?
Encore combien de temps Quand le temps nous sépare Les heures seront-elles Si longues loin de toi ? Encore combien de temps Lorsque ma vie s'égare Aurais-je l'impatience De t'avoir près de moi ?
Encore combien de temps Faudra-t-il que l'on s'aime Avant que d'être sûrs D'avoir connu l'amour ? Encore combien de temps Resterons nous les mêmes Heureux de nous aimer Plus fort qu'au premier jour ?
Encore combien de temps Faudra-t-il que je donne Pour être sûr enfin Que tu n'aimes que moi ? Encore combien de temps Resterons-nous ensemble ? Si toi tu le savais Surtout ne le dis pas !
N'écris pas. Je suis triste, et je voudrais m'éteindre. Les beaux étés sans toi, c'est la nuit sans flambeau. J'ai refermé mes bras qui ne peuvent t'atteindre, Et frapper à mon coeur, c'est frapper au tombeau. N'écris pas !
N'écris pas. N'apprenons qu'à mourir à nous-mêmes. Ne demande qu'à Dieu... qu'à toi, si je t'aimais ! Au fond de ton absence écouter que tu m'aimes, C'est entendre le ciel sans y monter jamais. N'écris pas !
N'écris pas. Je te crains ; j'ai peur de ma mémoire ; Elle a gardé ta voix qui m'appelle souvent. Ne montre pas l'eau vive à qui ne peut la boire. Une chère écriture est un portrait vivant. N'écris pas !
N'écris pas ces doux mots que je n'ose plus lire : Il semble que ta voix les répand sur mon coeur ; Que je les vois brûler à travers ton sourire ; Il semble qu'un baiser les empreint sur mon coeur. N'écris pas !
3 commentaires:
Encore combien de temps
Aurais-je ton sourire
Penché sur mon sommeil
A l'heure du bonheur ?
Encore combien de temps
Sans même rien se dire
Saurons-nous retrouver
Le chemin de nos cœurs ?
Encore combien de temps
Quand le temps nous sépare
Les heures seront-elles
Si longues loin de toi ?
Encore combien de temps
Lorsque ma vie s'égare
Aurais-je l'impatience
De t'avoir près de moi ?
Encore combien de temps
Faudra-t-il que l'on s'aime
Avant que d'être sûrs
D'avoir connu l'amour ?
Encore combien de temps
Resterons nous les mêmes
Heureux de nous aimer
Plus fort qu'au premier jour ?
Encore combien de temps
Faudra-t-il que je donne
Pour être sûr enfin
Que tu n'aimes que moi ?
Encore combien de temps
Resterons-nous ensemble ?
Si toi tu le savais
Surtout ne le dis pas !
Bien sûr, les amours commencées
Vivent sans fin dans la mémoire
On s'y parle par les années
Ou on murmure autour des boires
Amours aux ailes repliées
Ombres glacées dans les parloirs
Oiseaux vains, rires surannés
Romans fanés dans les armoires
On se salue dans des allées
Devisant sans fin, sans y croire
Voix prisonnières des enclos
Ou feuilles flottant sur l'eau noire
Voix défuntes dans les roseaux
Et voix des détresses profondes
Oh sur la cendre des étangs
Tendant nos mains de monde à monde
C'est nous ! Ces étranges voix-là
Eternellement sont fidèles
Ces amours ne s'envolent pas
Parce qu'ils ne le peuvent pas
Quelqu'un ayant brisé leurs ailes
N'écris pas. Je suis triste, et je voudrais m'éteindre.
Les beaux étés sans toi, c'est la nuit sans flambeau.
J'ai refermé mes bras qui ne peuvent t'atteindre,
Et frapper à mon coeur, c'est frapper au tombeau.
N'écris pas !
N'écris pas. N'apprenons qu'à mourir à nous-mêmes.
Ne demande qu'à Dieu... qu'à toi, si je t'aimais !
Au fond de ton absence écouter que tu m'aimes,
C'est entendre le ciel sans y monter jamais.
N'écris pas !
N'écris pas. Je te crains ; j'ai peur de ma mémoire ;
Elle a gardé ta voix qui m'appelle souvent.
Ne montre pas l'eau vive à qui ne peut la boire.
Une chère écriture est un portrait vivant.
N'écris pas !
N'écris pas ces doux mots que je n'ose plus lire :
Il semble que ta voix les répand sur mon coeur ;
Que je les vois brûler à travers ton sourire ;
Il semble qu'un baiser les empreint sur mon coeur.
N'écris pas !
* Marceline DESBORDES-VALMORE
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