jeudi 26 novembre 2009

"Le temps s'écoule" par Clairette

Rien de personnel, juste un travail d'écriture qui consistait à écrire un texte dont le thème était "anniversaire surprise" avec la contrainte de ne pas utiliser le verbe être.



Je viens d’avoir , euh ! En fait pas envie de le dire, une partie importante de ma vie vient de s’écouler.
Et pourtant hier me semble tellement proche.
J’avais envisagé de fêter ça dignement et en fin de compte avais changé d’avis.
Depuis quelques temps je me sentais un peu déprimée.
Accaparée par un nouveau travail dans lequel je ne me plaisais pas vraiment avec un emploi du temps très lourd, pas trop l’esprit à la fête.
Une vie sentimentale en lambeaux et les enfants loin.
Sauf ma dernière qui part à la fac dans quelques semaines.
Je la regardais, grandie, presque adulte et encore si petite.
Donc ce fameux jour, je rentre chez moi, il fait très chaud en ce mois de juin.
J’arrive dans le parc, j’entends un bruit de fond avec de la musique et quelle surprise ! Je les vois.
Je me sens à la fois heureuse et furieuse.
Curieuses des attentions des autres. Ma vie défile à grande vitesse, quel vertige.
Mais je souris avec émotion quand j’aperçois d’abord mes enfants et ensuite des amis venus de loin et que bien entendu je n’avais pas vu depuis des années.
Par contre quelle drôle d’idée d’avoir invité Marie Laure, perdue de vue depuis si longtemps, faisant partie d’un passé que je souhaitais ne plus évoquer.
Et mes petits, mes tout petits, si chers à ma vie. Ils me sourient.
Pas d’inventaire ! Pas encore ! Je tente seulement de comprendre qui se trouve à l’origine de cette journée, même si cela semble évident.
Je deviens spectatrice de ma vie à les voir tous réunis autour de ce grand buffet. Ils ont l’air joyeux, et je déambule au milieu des uns et des autres.
Je baisse les bras, je vais juste tenter d’apprécier chacun comme il se doit.
On pourrait se croire dans une comédie à la Ettore Scola dans les années 70, sourires forcés ? Sourires sincères ? Tout le monde parle en même temps à grand renfort de gestes.
Tu as l’air si jeune ! Tu n’as pas changé, mais je ne t’aurais pas reconnu ! Prends ça au passage ! Des enfants courent, s’agitent.
De vraies étreintes, l’émotion partagée de façon furtive et fugitive, des regards, de la douceur, le temps passe pour chacun à la même vitesse mais pas de la même façon.
Quelqu’un parle de cadeaux, je commence à me sentir légèrement grise, beaucoup de champagne et d’émotions, l’ambiance trop surréaliste pour moi. Je ne mesure pas vraiment ce qui se passe réellement.
J’irais bien me reposer, et voilà que je me retrouve les bras chargés de paquets, de dessins. Le temps des remerciements.
Un livre, deux livres, trois livres, pas mal de films, des objets inattendus, mais que l’ont sent réfléchis, pensés. Les battements de cœur qui s’accélèrent, je mesure la portée de chaque geste.
Mon petit bout de petit fils me tend les bras, « bon anniversaire maminette », bras autour de mon cou, un énorme baiser, j’aime l’odeur de l’enfance, elle rassure.
En me penchant vers lui, j’aperçois ma fille aînée souriante. Je vais vers elle, elle me tend une enveloppe.
- « de notre part à tous les trois », tu n’y échapperas pas, il n’y a que l’avion à prendre !
Je souris, un séjour en Irlande, j’en rêvais depuis si longtemps, mais ma peur maladive de l’avion m’empêchait de l’envisager.
Quelle belle idée ! Et s’il ne pouvait y avoir qu’un aller….Je peux rêver, non ? J’ai aujourd’hui…au fait combien ?

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