jeudi 8 octobre 2009

"Tourne la page" par Clairette

La mort l’avait finalement rattrapé plus tôt que prévu. A deux reprises il avait su lui faire un pied de nez.
En fait lui n’en savait rien, vu qu’il était mort.
Alors que moi je me retrouvais face à cette horrible question : pourquoi ? Pourquoi maintenant ?
La terrible loterie de la vie. Et oui le jour où l’on donne la vie, la mort est déjà à ses côtés.
Ne soyez pas horrifiés, c’est une réalité à laquelle nul ne peut échapper.
Si nous avions cette conscience, serions nous plus heureux ? Mais le propos n’est pas de mise.
L’artiste qu’il était n’avait laissé aucune place aux conventions, donc pas de décision sur la façon dont son dernier voyage devait se dérouler.
Et voilà le cercle infernal de la famille, où tout le monde y va de son : « moi, il m’avait dit que… » Un autre idem mais dans un sens différent.
aie, aie,aie ! Je n’avais qu’une certitude, c’est qu’un homme épris d’une telle liberté de son vivant ne pouvait aucunement souhaité rester enfermé dans une boite, quelle qu’elle soit.
Une grande solitude m’envahit soudain, je prenais conscience que je n’aurais pas droit au chapitre.
Alors j’ai accepté la sentence, la pire de toutes.
L’urne posée sur une étagère de bibliothèque. Quel sacrilège !
J’étais plus triste de cela que de son départ.
Quelques temps plus tard, il m’apparut en rêve, assis calmement sur une chaise, il avait l’air vieilli, les cheveux plus longs, toujours son costume noir en velours.
Il me regardait paisiblement, il s’est levé, je l’ai naturellement suivi.
Nous nous sommes retrouvés au bord d’une falaise surplombant un océan déchainé.
Nous marchions côte à côte.
Il portait son urne dans ses bras.

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